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ÉLÉGIE XIII
Oh ! dites-moi, qu'est-elle devenue ?
Dort-elle encor dans la paix des tombeaux,
Ou compagne des vents et de l'errante nue,
Voit-elle un autre ciel et des astres plus beaux ?
Quand le printemps en fleurs a couronné ces arbres,
Les chants du rossignol hâtent-ils son réveil ?
Son sein gémirait-il pressé du poids des marbres,
L'écho du vieux torrent trouble-t-il son sommeil ?
Et quand Novembre, au cyprès solitaire,
Suspend la neige et nous glace d'effroi ;
Lorsque la pluie a pénétré la terre,
Sous son linceul se dit-elle : « J'ai froid ! »
Non ! Sa vie est encore errante en mille atomes.
Objet de mes chastes serments
Tu n'as point revêtu la robe des fantômes,
Et tes restes encor me sont doux et charmants.
Vagues parfums, vous êtes son haleine ;
Balancements des flots, ses doux gémissements ;
Dans la vapeur qui borde la fontaine
J'ai vu blanchir ses légers vêtements.
Oh ! dites-moi ! quand sur l'herbe fleurie
Glissent le soir les brises du printemps,
N'est-ce pas un accent de sa voix si chérie ?
N'est-ce pas dans les bois ses soupirs que j'entends ?