Jules Laforgue : Comme on est bien... 
samedi 3 juillet 2010, 12:01 - ~ Choix : Prose
    Comme on est bien, quel état délicieux d’existence, quand on s’est bien pénétré de la nécessité de la Fatalité universelle et minutieuse, inexorable, sans entrailles, torrent souverain des soleils, des choses, des idées, des êtres, des sentiments, des effets et des causes, étouffant sans les entendre, sans conscience dans sa clameur unique et souveraine, les plaintes de l’individu éphémère. — Berce-moi, roule-moi vaste fatalité. — On se laisse aller. — Votre mère meurt, vous perdez au jeu, un ami vous lâche, une femme vous accable de son indifférence etc.. — vous tombez malade, la mort est là peut-être — Tout est écrit — à quoi bon se remuer — Toutes vos joies toutes vos peines, toutes vos actions, votre santé, vos chances, tout cela sera déterminé par des causes, des circonstances. L’armée des circonstances est en marche à travers la vie ; me heurterai-je à des circonst. défavorables, saurai-je m’emboîter aux circonst. favorables ? — rien ne dépend de moi tout est écrit, je me laisse aller — je suis un brin d’herbe dans un torrent qui roule des quartiers de rocs, des arbres, des troupeaux, des toitures etc.. Je suis l’atome dans l’infini, l’atome dans l’éternel, le soupir dans l’ouragan déchaîné, une force équivalente à un souffle dans les puissances formidablement brutales du mécanisme universel — — Je ne suis rien — Je me laisse porter — rien ne m’étonne

mardi 13 juillet 2010, 11:37
Le marchand d'oubli


Hier, je suis passée chez le marchand d’oubli,
Je lui ai demandé cent ans d’inexistence,
Cent ans de désamour et cent ans de silence,
Cent ans d’obscurité, seul au fond de la nuit.


Je lui ai acheté un efface-bonheur,
Un enléve-baisers ainsi qu’un oubli-lévres,
Plus un lave-cerveau et puis un ôte-fiévres,
Un grand écarte-bras et un arrache-cœur.


Il m’a fait un paquet aux coins carrés et raides,
Enveloppé de rien, ficelé d’illusions,
Avec des nœuds dorés, comme des papillons,
Puis il m’a dit : surtout, prenez bien vos remèdes !


Alors, je suis partie, mon paquet sous le bras,
J’ai suivi le chemin qui mène jusqu’ici,
Avec mes souvenirs et mes peines aussi,
Mes instants de bonheur que je n’oublierai pas.


J’ai jeté mon paquet là-bas, dans le flot bleu,
Il a coulé tout droit, car ta bouche est trop tendre,
Et ta voix est trop pure et trop douce à entendre,
Et je t’aime trop pour t’oublier même un peu !

Bonne journée ensoleillée

Ça ne va pas changer !

De père en pire

Marie-Lise Ehret
11 juin 2010


Commentaire de l´administrateur (Christian) :
mercredi 14 juillet 2010, 16:50
Là Gougueule et moi
donnons notre langue au chat...

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