Renaud

Alle avait, sous sa toque d’ martre,
            Sur la butt’ Montmartre,
            Un p’tit air innocent ;
On l’app’lait Rose, alle était belle,
A sentait bon la fleur nouvelle,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
All’ n’avait pas connu son père,
            A n’avait pas d’mère,
            Et depuis mil neuf cent,
A d’meurait chez sa vieille aïeule
Où qu’a s’él’vait, comm’ ça, tout’ seule,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
A travaillait, déjà, pour vivre,
            Et les soirs de givre,
            Sous l’ froid noir et glaçant,
Son p’tit fichu sur les épaules,
A rentrait, par la ru’ des Saules,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
A voyait, dans les nuits d’ gelée,
            La nappe étoilée,
            Et la lune, en croissant,
Qui brillait, blanche et fatidique,
Sur la p’tit’ croix d’ la basilique,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
L’été, par les chauds crépuscules,
            A rencontré Jules
            Qu’était si caressant
Qu’a restait, la soirée entière,
Avec lui, près du vieux cimetière,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
Mais le p’tit Jul’ était d’ la tierce
            Qui soutient la gerce,
            Aussi, l’adolescent
Voyant qu’a n’ marchait pas au pante,
D’un coup d’ surin lui troua l’ ventre,
            Ru’ Saint-Vincent.
 
Quand ils l’ont couché’ sous la planche,
            Alle était tout’ blanche
            Mêm’ qu’en l’ensev’lissant,
Les croqu’-morts disaient qu’la pauv’ gosse
Était claqué’ l’ jour de sa noce,
            Ru’ Saint-Vincent.

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Rose blanche (Rue Saint-Vincent)

Aristide Bruant
(1906)


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