Alain BorneMort d’un poète

 
   

In memoriam Francis Jammes


Mon Dieu comme il fait silence ici            à vérifier
On dirait que les sources ont tari
que les cœurs ont perdu leur vie
et les feuilles le secret des nids
 
Comme il fait silence, on dirait que les jeunes filles
ont perdu le goût de chanter leurs rêves
ou que leurs rêves sont restés sans récompense
ou qu’elles savent que Dieu veut les priver de vie
 
plus personne n’appellera les fleurs par leur nom
tous les prés s’en iront nourriture à fenil
sans qu’un doigt ait noué chaque brin d’harmonie
 
Vois comme est triste la prairie
depuis qu’il n’est plus là pour la chanter
vois comme les joncs sont durs au bout du pré
comme l’aube est pressée d’abandonner les sources