Max ElskampDésir

 
   

Tu l’as voulue ta peine
Aux jours dont tu fus l’hôte,
En commettant tes fautes
Et ta coupe en est pleine,
 
Tu as voulu tes croix
Dans les soirs qui s’achèvent,
Aux Golgothas des rêves
Où tu cherchais l’émoi,
 
Et ton âme a saigné
Et ton cœur a souffert,
Dans des heures amères
Où c’est rancœur qui naît.
 
Tu as voulu savoir
Ce qu’il faut ignorer,
Qui dort dans la nuit noire,
Qu’il ne faut réveiller,
 
Tu as voulu connaître
Le secret de la vie,
Et pourquoi il faut naître
Pour subir ou aimer,
 
Et sur la voie suivie,
Attendu sans toucher,
Le bien que l’on envie
Pour sa joie ou sa paix.
 
Des femmes t’ont souri
Ainsi qu’à tous les hommes,
Des cieux en toi ont lui
Dont tu n’as su la somme,
 
Que lointaine et fugace,
Eux, approchés à peine,
Dans l’à-peu-près qui lasse
Ne donnant que foi vaine ;
 
Tu n’as entrevu Dieu
Que sur des toiles peintes,
Et les anges des cieux
Que dans des gloires feintes,
 
Et si tu sus l’amour
Ce fut aux heures brèves,
D’une nuit ou d’un jour
Si tôt né qui s’achève.
 
Or toi jadis qui crus
Au miel doux de la vie,
Voici le temps venu
D’y renoncer ici,
 
Et qu’elles soient en toi
Toutes croix consenties,
Elle est venue l’amie
Que tu n’attendais pas,
 
Et qui t’a dit : je suis
Moi la sûre à jamais,
Et viens toi, et me suis,
Je suis la Mort, et vraie.