Jodelle 

 
   

Recherche qui voudra cet Amour qui domine,
Comme l’on dit, les Dieux, les hommes, les esprits,
Qu’on feint le premier né des Dieux, et qui a pris
Éternellement soin de cette grand machine ;
 
Dont l’arc, le trait, la trousse, et la torche divine
N’a rien que la vertu pour son but et son prix,
Sans passions, douleurs, remords, larmes et cris :
Quant à moi, je croirai que tel on l’imagine,
 
Et qu’au monde il n’est point. Quant aux fausses amorces
De l’autre aveugle Amour, j’en dépite les forces.
Mais je crois si Amour aucun nous vient des Cieux,
 
C’est lorsque deux moitiés par mariage unies,
Quittent pour l’amour vrai dont se paissent leurs vies,
Tout amour fantastique, et tout amour sans yeux.

 

   

   Recherche qui voudra cet Amour qui domine,
Comme lon dit, les Dieux, les hommes, les esprits,
Qu’on feint le premier né des Dieux, et qui a pris
Eternellement soing de ceste grand’machine :
   Dont l’arc, le traict, la trousse, et la torche divine
N’a rien que la vertu pour son but et son pris,
Sans passions, douleurs, remords, larmes et cris :
Quant à moy, je croiray que tel on l’imagine,
   Et qu’au monde il n’est point : quant aux faulses amorces
De l’autre aveugle Amour j’en depite les forces.
Mais je croy si Amour aucun nous vient des Cieux,
   C’est lors que deux moitiez par mariage unies,
Quittent pour l’amour vray dont se paissent leurs vies,
Tout amour fantastique, et tout amour sans yeux.