La FontaineLe Chien qui lâche sa proie pour l’ombre

 
   

            Chacun se trompe ici-bas :
            On voit courir après l’ombre
            Tant de fous, qu’on n’en sait pas
            La plupart du temps le nombre.
Au Chien dont parle Ésope il faut les renvoyer.
Ce Chien, voyant sa proie en l’eau représentée,
La quitta pour l’image, et pensa se noyer ;
La rivière devint tout d’un coup agitée.
     À toute peine il regagna les bords,
          Et n’eut ni l’ombre ni le corps.