Toi qui lis dans le cœur des hommes et des dieux,
Si tu sais la raison d’un secret que j’ignore,
D’où viens que ta Cloris que tout le monde adore
Porte tant de rayons et de feux dans ses yeux ?
 
Et pourquoi ne voyant qu’un soleil dans les cieux,
Faut-il qu’elle en ait deux, et si luisants encore,
Qu’auprès d’eux le soleil ne paraît guère mieux
Que fait auprès de lui l’étoile de l’aurore ?
 
Ainsi, belle Cloris, je parlais à l’Amour
De tes yeux plus ardents que ce flambeau du jour
Que nous voyons au soir se cacher sous les ondes.
 
Quand ce Dieu, me montrant deux mondes dans ton sein,
Me fit voir que les dieux les firent à dessein
Et que ces deux soleils étaient pour ces deux mondes.