Ronsard 

 
   

Fais rafraîchir mon vin de sorte
Qu’il passe en froideur un glaçon :
Fais venir Jeanne, qu’elle apporte
Son luth pour dire une chanson :
Nous ballerons tous trois au son :
Et dis à Barbe qu’elle vienne,
Les cheveux tors à la façon
D’une folâtre Italienne.
Ne vois-tu que le jour passe ?
Je ne vis point au lendemain :
Page, reverse dans ma tasse,
Que ce grand verre soit tout plein.
Maudit soit qui languit en vain :
Ces vieux Médecins je n’appreuve :
Mon cerveau n’est jamais bien sain,
Si beaucoup de vin ne l’abreuve.

 

   

Fay refraischir mon vin de sorte
Qu’il passe en froideur un glaçon :
Fay venir Janne, qu’elle apporte
Son luth pour dire une chanson :
Nous ballerons tous trois au son :
Et dy à Barbe qu’elle vienne,
Les cheveux tors à la façon
D’une follastre Italienne.
Ne vois tu que le jour passe ?
Je ne vy point au lendemain :
Page, reverse dans ma tasse,
Que ce grand verre soit tout plain.
Maudit soit qui languit en vain :
Ces vieux Medecins je n’appreuve :
Mon cerveau n’est jamais bien sain,
Si beaucoup de vin ne l’abreuve.