Paul de RouxIdylle

 
   

Avant que la ville sorte de l’ombre,
alors qu’il suffit d’éteindre la lampe
non pas pour rejoindre une nuit plus obscure
mais le crépuscule de l’aube,
entendre au loin le train que l’on n’a pas pris
comme le fantôme de la vie que l’on a pas vécue
et qui pèse aussi sur vous, plus lourde peut-être
que celle que vous croyez avoir vécue
— tu voudrais alors, la nuit refaite,
errer dans cette campagne indistincte
qui serait dans une faille de la terre,
près des herbes encore pleines de pouvoir
et des vieux dieux, et du bruissement
léger d’une fontaine, en contrebas
des bureaux et des églises et le front
dans la glaise qui recueille les larmes.

 

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