Georges de ScudérySur la mort d’une Dame

 
   

Quoi, les Dieux meurent donc ! Et tant de rares choses
N’ont pu sauver Procris de l’effroi du Tombeau !
Sa noirceur éteignant ce lumineux flambeau,
Nous en voyons l’effet, sans en savoir les causes.
 
Lugubres changements, tristes métamorphoses,
Que nous avait prédit un funeste Corbeau ;
Tout l’univers en deuil perd ce qu’il a de beau
Et ces divins attraits ont le destin des Roses.
 
Cette pâle Beauté nous afflige et nous plaît ;
Elle enchante les yeux, toute morte qu’elle est,
Et de sa belle Cendre, il sort encor des flammes :
 
Nous en voyons l’éclat, nous en sentons l’effort ;
Et l’on peut voir ensemble, en ce charme des Âmes,
Les Parques et l’Amour, les Grâces et la Mort.

 

   

Quoi les Dieux meurent donc ! & tãt de rares choses
N’ont pû sauuer Procris, de l’effroy du Tõbeau !
Sa noirçeur esteignant ce lumineux flambeau,
Nous en voyons l’effet, sans en sçauoir les causes.
 
Lugubres changemens, tristes metamorphoses,
Que nous auoit predit, vn funeste Corbeau ;
Tout l’Vniuers en deüil, perd ce qu’il a de beau
Et ces diuins attraits, ont le destin des Roses.
 
Cette pasle Beauté, nous afflige, & nous plaist ;
Elle enchante les yeux, toute morte qu’elle est,
Et de sa belle Cendre, il sort encor des flames :
 
Nous en voyons l’esclat, nous en sentons l’effort ;
Et l’on peut voir ensemble, en ce charme des Ames,
Les Parques, & l’Amour ; les Graces, & la Mort.