Juke-Box à Poésie › Jean de La Fontaine | |||
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La Jeune Veuve La perte d'un époux ne va point sans soupirs ; On fait beaucoup de bruit ; et puis on se console : Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole, Le Temps ramène les plaisirs. Entre la veuve d'une année Et la veuve d'une journée La différence est grande ; on ne croirait jamais Que ce fût la même personne : L'une fait fuir les gens, et l'autre a [...] La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf Une Grenouille vit un bœuf Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille Pour égaler l’animal en grosseur, Disant : Regardez bien, ma sœur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ? — Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ? — Vous n’en [...] Le Loup et le Chien Un Loup n'avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde. L'attaquer, le mettre en quartiers, Sire Loup l'eût fait volontiers ; Mais il fallait livrer bataille, Et le Mâtin était de taille À se [...] | L'Ours et l'Amateur des jardins Certain ours montagnard, ours à demi léché, Confiné par le Sort dans un bois solitaire, Nouveau Bellérophon vivait seul et caché. Il fût devenu fou : la raison d'ordinaire N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés. Il est bon de parler, et meilleur de se taire ; Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. Nul animal n'avait affaire Dans les lieux que l'ours [...] Le Rat de ville et le Rat des champs Autrefois le Rat de ville Invita le Rat des champs, D’une façon fort civile, À des reliefs d’Ortolans. Sur un Tapis de Turquie Le couvert se trouva mis. Je laisse à penser la vie Que firent ces deux amis. Le régal fut fort honnête, Rien ne manquait au festin ; Mais quelqu’un troubla la fête Pendant qu’ils étaient en train. À la porte de la salle Ils entendirent du bruit : Le Rat de [...] Le Rat et l'Éléphant Se croire un personnage est fort commun en France. On y fait l’homme d’importance, Et l’on n’est souvent qu’un bourgeois : C’est proprement le mal françois. La sotte vanité nous est particulière. Les Espagnols sont vains, mais d’une autre manière. Leur orgueil me semble en un mot Beaucoup plus fou, mais pas si sot. Donnons quelque image du [...] | ||
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Le juke-box à poésie
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