Juke-Box à Poésie › Oscar V. de L. Milosz | |||
Et surtout que... Et surtout que Demain n’apprenne pas où je suis — Les bois, les bois sont pleins de baies noires — Ta voix est comme un son de lune dans le vieux puits Où l’écho, l’écho de juin vient boire. Et que nul ne prononce mon nom là-bas, en rêve, Les temps, les temps sont bien accomplis — Comme un tout petit arbre souffrant de prime sève Est ta blancheur en robe sans pli. Et que les ronces se [...] Grincement doux... Grincement doux et rouillé d’une berline... Le crépuscule pleure de vieille joie... — Il faudrait pourtant aller voir qui est là. — « Bonsoir, comment vous portez-vous, Mylord Spleen ? » Les chevaux, les chevaux du passé hennissent Le soir, le soir, aux fenêtres de l’oubli. — « La diva que vos sentiments applaudissent, Mylord, l’avez-vous revue en Italie ? » Il pleut, il pleut doux de [...] | Solitude Je me suis réveillé sous l’azur de l’absence Dans l’immense midi de la mélancolie. L’ortie des murs croulants boit le soleil des morts. Silence. Où m’avez-vous conduit, Mère aveugle, ô ma vie ? Dans quel enfer du souvenir où l’herbe pense, Où l’océan des temps cherche à tâtons ses bords ? Silence. Écho du précipice, appelle-moi ! Démence, Trempe tes jaunes fleurs dans la source où je bois, Mais que les jours passés se détachent de moi ! Silence. Vous qui m’avez créé, vous qui m’avez frappé, Vous vers qui l’aloès, cœur des gouffres, s’élance, Père ! à vos pieds meurtris trouverai-je la paix ? Silence. Symphonie de novembre Ce sera tout à fait comme dans cette vie. La même chambre. — Oui, mon enfant, la même. Au petit jour, l’oiseau des temps dans la feuillée Pâle comme une morte : alors les servantes se lèvent Et l’on entend le bruit glacé et creux des seaux À la fontaine. Ô terrible, terrible jeunesse ! Cœur vide ! Ce sera tout à fait comme dans cette vie. Il y aura Les voix pauvres, les voix [...] Tous les morts sont ivres... Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale Au cimetière étrange de Lofoten. L’horloge du dégel tictaque lointaine Au cœur des cercueils pauvres de Lofoten. Et grâce aux trous creusés par le noir printemps Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ; Et grâce au maigre vent à la voix d’enfant Le sommeil est doux aux morts de Lofoten. Je ne verrai très probablement jamais Ni [...] | ||
Le juke-box à poésie
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