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Vous étiez là je vous tenais Comme un miroir entre mes mains La vague et le soleil de juin Ont englouti votre visage Chaque jour je vous ai écrit Je vous ai fait porter mes pages Par des ramiers par des enfants Mais aucun d'eux n'est revenu Je continue à vous écrire Tout le mois d'août s'est bien passé Malgré les obus et les roses Et j'ai traduit diverses choses En langue bleue que vous savez Maintenant j'ai peur de l'automne Et des soirées d'hiver sans vous Viendrez-vous pas au rendez-vous Que cet ami perdu vous donne En son pays du temps des loups Venez donc car je vous appelle Avec tous les mots d'autrefois Sous mon épaule il fait bien froid Et j'ai des trous noirs dans les ailes.
© Seghers
Comme un oiseau dans la tête Le sang s'est mis à chanter Des fleurs naissent c'est peut-être Que mon corps est enchanté Que je suis lumière et feuilles Le dormeur des porches bleus L'églantine que l'on cueille Les soirs de juin quand il pleut Dans la chambre un ruisseau coule Horloge aux cailloux d'argent On entend le blé qui roule Vers les meules du couchant L'air est plein de pailles fraîches De houblons et de sommeils Dans le ciel un enfant pêche Les ablettes du soleil C'est le toit qui se soulève Semant d'astres la maison Je me penche sur tes lèvres Premiers fruits de la saison.
© Seghers
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