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Je sais rouler une amourette En cigarette, Je sais rouler l'or et les plats ! Et les filles dans de beaux draps ! Ne crains pas de longueurs fidèles : Pour mules mes pieds ont des ailes ; Voleur de nuit, hibou d'amour, M'envole au jour. Connais-tu Psyché ? - Non ? - Mercure ?... Cendrillon et son aventure ? - Non ? - ... Eh bien ! tout cela, c'est moi : Nul ne me voit. Et je te laisserais bien fraîche Comme un petit Jésus en crèche, Avant le rayon indiscret... - Je suis si laid ! - Je sais flamber en cigarette, Une amourette, Chiffonner et flamber les draps, Mettre les filles dans les plats !
Mousse : il est donc marin, ton père ?... - Pêcheur. Perdu depuis longtemps. En découchant d'avec ma mère, Il a couché dans les brisants... Maman lui garde au cimetière Une tombe - et rien dedans - C'est moi son mari sur la terre, Pour gagner du pain aux enfants. Deux petits. - Alors, sur la plage, Rien n'est revenu du naufrage ?... - Son garde-pipe et son sabot... La mère pleure, le dimanche, Pour repos... Moi, j'ai ma revanche Quand je serai grand - matelot ! - Baie des Trépassés.
Va vite, léger peigneur de comètes ! Les herbes au vent seront tes cheveux ; De ton oeil béant jailliront les feux Follets, prisonniers dans les pauvres têtes... Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes Foisonneront plein ton rire terreux... Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes... Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes Pour les croque-morts sont de simples jeux, Boîtes à violon qui sonnent le creux... Ils te croiront mort - Les bourgeois sont bêtes - Va vite, léger peigneur de comètes !
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