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Voici venir le temps des croisades. Par la fenêtre fermée les oiseaux s'obstinent à parler comme les poissons d'aquarium. À la devanture d'une boutique une jolie femme sourit. Bonheur tu n'es que cire à cacheter et je passe tel un feu follet. Un grand nombre de gardiens poursuivent un inoffensif papillon échappé de l'asile Il devient sous mes mains pantalon de dentelle et ta chair d'aigle ô mon rêve quand je vous caresse ! Demain on enterrera gratuitement on ne s'enrhumera plus on parlera le langage des fleurs on s'éclairera de lumières inconnues à ce jour. Mais aujourd'hui c'est aujourd'hui Je sens que mon commencement est proche pareil aux blés de juin. Gendarmes passez-moi les menottes. Les statues se détournent sans obéir. Sous leur socle j'inscrirai des injures et le nom de mon pire ennemi. Là-bas dans l'océan Entre deux eaux Un beau corps de femme Fait reculer les requins Ils montent à la surface se mirer dans l'air et n'osent pas mordre aux seins aux seins délicieux.
© Gallimard
Sur la route parfois on rencontre des vignes Dont les raisins mûris sont à portée de main qu'ils sont bons ! Et partons où serons-nous demain ? Car la feuille ressemble à la main par les lignes. Mais chérissons le vin où se lisent les signes sacrés de la jeunesse et des désirs humains Le verre est bu, partons reprenons le chemin qui naît au chant du coq et meurt au chant du cygne Il reste cependant l'empreinte de nos verres sur la nappe tracée. Aux mains des lavandières La tache partira bientôt au fil de l'eau. ainsi vont les serments belle fille qui chantes Pour trinquer à plaisir en l'honneur des méchantes Remplissez notre verre aux bondes des tonneaux
© Gallimard
Dans un petit bateau Une petite dame Un petit matelot Tient les petites rames Ils s'en vont voyager Sur un ruisseau tranquille Sous un ciel passager Et dormir dans une île C'est aujourd'hui Dimanche Il fait bon s'amuser Se tenir part la hanche Échanger des baisers C'est ça la belle vie Dimanche au bord de l'eau Heureux ceux qui envient Le petit matelot
© Gallimard
1 Écoutez... Faites silence... La triste énumération De tous les forfaits sans nom, Des tortures, des violences Toujours impunis, hélas ! Du criminel Fantômas. 2 Lady Beltham, sa maîtresse, Le vit tuer son mari Car il les avait surpris Au milieu de leurs caresses. Il coula le paquebot Lancaster au fond des flots. 3 Cent personnes il assassine. Mais Juve aidé de Fandor Va lui faire subir son sort Enfin sur la guillotine... Mais un acteur, très bien grimé, À sa place est exécuter. 4 Un phare dans la tempête Croule, et les pauvres bateaux Font naufrage au fond de l'eau. Mais surgissent quatre têtes : Lady Beltham aux yeux d'or, Fantômas, Juve et Fandor. 5 Le monstre avait une fille Aussi jolie qu'une fleur. La douce Hélène au grand coeur Ne tenait pas de sa famille, Car elle sauva Fandor Qu'était condamné à mort. 6 En consigne d'une gare Un colis ensanglanté ! Un escroc est arrêté ! Qu'est devenu le cadavre ? Le cadavre est bien vivant, C'est Fantômas, mes enfants ! 7 Prisonnier dans une cloche Sonnant un enterrement Ainsi mourut son lieutenant. Le sang de sa pauvr' caboche Avec saphirs et diamants Pleuvait sur les assistants. 8 Un beau jour des fontaines Soudain chantèr'nt à Paris. Le monde était surpris, Ignorant que ces sirènes De la Concorde enfermaient Un roi captif qui pleurait. 9 Certain secret d'importance Allait être dit au tzar. Fantômas, lui, le reçut car Ayant pris sa ressemblance Il remplaçait l'empereur Quand Juv' l'arrêta sans peur. 10 Il fit tuer par la Toulouche, Vieillarde aux yeux dégoûtants, Un Anglais à grands coups de dents Et le sang remplit sa bouche. Puis il cacha un trésor Dans les entrailles du mort. 11 Cette grande catastrophe De l'autobus qui rentra Dans la banque qu'on pilla Dont on éventra les coffres... Vous vous souvenez de ça ?... Ce fut lui qui l'agença. 12 La peste en épidémie Ravage un grand paquebot Tout seul au milieu des flots. Quel spectacle de folie ! Agonies et morts hélas ! Qui a fait ça ? Fantômas. 13 Il tua un cocher de fiacre. Au siège il le ficela Et roulant cahin-caha, Malgré les clients qui sacrent, Il ne s'arrêtait jamais L'fiacre qu'un mort conduisait. 14 Méfiez-vous des roses noires, Il en sort une langueur Épuisante et l'on en meurt. C'est une bien sombre histoire Encore un triste forfait De Fantômas en effet ! 15 Il assassina la mère De l'héroïque Fandor. Quelle injustice du sort, Douleur poignante et amère... Il n'avait donc pas de coeur, Cet infâme malfaiteur ! 16 Du Dôme des Invalides On volait l'or chaque nuit. Qui c'était ? mais c'était lui, L'auteur de ce plan cupide. User aussi mal son temps Quand on est intelligent ! 17 À la Reine de Hollande Même, il osa s'attaquer. Juve le fit prisonnier Ainsi que toute sa bande. Mais il échappa pourtant À un juste châtiment. 18 Pour effacer sa trace Il se fit tailler des gants Dans la peau d'un trophée sanglant, Dans d'la peau de mains d'cadavre Et c'était ce mort qu'accusaient Les empreintes qu'on trouvait. 19 À Valmondois un fantôme Sur la rivière marchait. En vain Juve le cherchait. Effrayant vieillards et mômes, C'était Fantômas qui fuyait Après l'coup qu'il avait fait. 20 La police d'Angleterre Par lui fut mystifiée. Mais, à la fin, arrêté, Fut pendu et mis en terre. Devinez ce qui arriva : Le bandit en réchappa. 21 Dans la nuit sinistre et sombre, À travers la Tour Eiffel, Juv' poursuit le criminel. En vain guette-t-il son ombre. Faisant un suprême effort Fantômas échappe encor. 22 D'vant le casino d'Monte-carlo Un cuirassé évoluait. Son commandant qui perdait Voulait bombarder la rade. Fantômas, c'est évident, Était donc ce commandant. 23 Dans la mer un bateau sombre Avec Fantômas à bord, Hélène Juve et Fandor Et des passagers sans nombre. On ne sait s'ils sont tous morts, Nul n'a retrouvé leurs corps. 24 Ceux de sa bande, Beaumôme, Bec de Gaz et le Bedeau, Le rempart du Montparno, Ont fait trembler Paris, Rome Et Londres par leurs exploits. Se sont-ils soumis aux lois ? 25 Pour ceux du peuple et du monde, J'ai écrit cette chanson Sur Fantômas, dont le nom Fait tout trembler à la ronde. Maintenant, vivez longtemps, Je le souhaite en partant. FINAL Allongeant son ombre immense Sur le monde et sur Paris, Quel est ce spectre aux yeux gris Qui surgit dans le silence ? Fantômas, serait-ce toi Qui te dresses sur les toits ?
© Gallimard
Sur les bords du Mississipi Un alligator se tapit. Il vit passer un négrillon Et lui dit : « Bonjour, mon garçon. » Mais le nègre lui dit : « Bonsoir, La nuit tombe, il va faire noir, Je suis petit et j'aurais tort De parler à l'alligator. » Sur les bords du Mississipi L'alligator a du dépit, Car il voulait au réveillon Manger le tendre négrillon.
© Gründ
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