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Vous n'aimez rien que vous, de vous-même maîtresse, Toute perfection en vous seule admirant, En vous votre désir commence et va mourant, Et l'amour seulement pour vous-même vous blesse. Franche et libre de soin, votre belle jeunesse D'un oeil cruel et beau mainte flamme tirant, Brûle cent mille esprits qui votre aide implorant N'éprouvent que fierté, mépris, haine et rudesse. De n'aimer que vous-même est en votre pouvoir, Mais il n'est pas en vous de m'empêcher d'avoir Votre image en l'esprit, l'aimer d'amour extrême ; Or l'Amour me rend vôtre, et si vous ne m'aimez, Puisque je suis à vous, à tort vous présumez, Orgueilleuse beauté, de vous aimer vous-même.
Cette fontaine est froide, et son eau doux-coulante, À la couleur d'argent, semble parler d'Amour ; Un herbage mollet reverdit tout autour, Et les aunes font ombre à la chaleur brûlante. Le feuillage obéit à Zéphyr qui l'évente, Soupirant, amoureux, en ce plaisant séjour ; Le soleil clair de flamme est au milieu du jour, Et la terre se fend de l'ardeur violente. Passant, par le travail du long chemin lassé, Brûlé de la chaleur et de la soif pressé, Arrête en cette place où ton bonheur te mène ; L'agréable repos ton corps délassera, L'ombrage et le vent frais ton ardeur chassera, Et ta soif se perdra dans l'eau de la fontaine.
ÉPIGRAMME Je t'apporte, ô sommeil, du vin de quatre années Du lait, des pavots noirs aux têtes couronnées ; Veuille tes ailerons en ce lieu déployer, Tant qu'Alison la vieille accroupie au foyer, Qui d'un pouce retors et d'une dent mouillée, Sa quenouille chargée a quasi dépouillée, Laisse choir le fuseau, cesse de babiller, Et de toute la nuit ne se puisse éveiller ; Afin qu'à mon plaisir j'embrasse ma rebelle, L'amoureuse Isabeau qui soupire auprès d'elle.
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