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Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir. Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils, Me font rire, pleurer et rire, Parler sans avoir rien à dire.
© Gallimard
Larmes des yeux, les malheurs des malheureux, Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs. Il ne demande rien, il n'est pas insensible, Il est triste en prison et triste s'il est libre. Il fait un triste temps, il fait une nuit noire A ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir Et le roi est debout près de la reine assise. Sourires et soupirs, des injures pourrissent Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches. Ne prenez rien : ceci brûle, cela flambe ! Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts.
© Gallimard
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards.
© Gallimard
Je te l'ai dit pour les nuages Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles Pour les cailloux du bruit Pour les mains familières Pour l'oeil qui devient visage ou paysage Et le soleil lui rend le ciel de sa couleur Pour toute la nuit bue Pour la grille des routes Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles Toute caresse toute confiance se survivent.
© Gallimard
JUSQU'ICI M ' E T A I E N T M Y S T E R I E U S E M E N T I N T E R D I T S LE MOT cimetière aux autres de rêver d'un CIMETIERE a r d e n t LE MOT maisonnette On le trouve souvent dans les annonces des journaux dans les chansons Il a des rides Il a un dé au doigt C ' E S T U N C ' E S T U N V I E I L L A R D P E R R O Q U E T T R A V E S T I M U R pétrole CONNU PAR DES EXEMPLES PRECIEUX A U X M A I N S D E S I N C E N D I E S neurasthénie un mot qui n'a pas honte une ombre de cassis e n t r e d e u x y e u x p a r e i l s LE MOT créole TOUT EN LIEGE s u r d u s a t i n LE MOT b a i g n o i r e QUI EST T R A I N é par des CHEVAUX PARFAITS plus laids que des BéQuilLeS la s l ou am s CE SOIR pe charmille EST U N P R E N O M ET maîtrise UN M I R O I R o ù t o u t S ' I M M O B I L I S E fileuse mot fondant hamac T R E I L L E P I L L E E olivier CHEMINEE au tambour de lueurs le clavier des troupeaux s'assourdit d a n s l a p l a i n e forteresse M A L I C E vaine vénéneux R I D E A U D 'ACAJOU guéridon G r I m A C e é L a S t I q U e cognée erreur j o u é e aux dés voyelle t i m b r e I M M E N S E S A N G L O T d'étain RIRE de bonne terre LE MOT déclic V I O L l u m i n e u x EPHEMERE A Z U R dans les veines LE MOT bolide g é r a n i u m à la fenêtre o u v e r t e sur un coeur b a t t a n t LE MOT carrure B L O C d'ivoire PAIN PETRIFIE p l u m e s m o u i l l é e s LE MOT déjouer a l c o o l F L E T R I P A L I E R sans portes M O R T L Y R I Q U E LE MOT garçon C O M M E u n î l o t myrtille lave galon cigare léthargie bleuet cirque fusion combien reste-t-il D E C E S M O T S qui ne me menaient à r i e n M O t S M E R V E I L L E U X commme les AUTRES O M O n e M P i r e D ' H O M M E MOTS que j'écris ici contre toute évidence avec le grand souci D E T O U T D I R E
© Gallimard
C'est la chaude loi des hommes Du raisin ils font du vin Du charbon ils font du feu Des baisers ils font des hommes C'est la dure loi des hommes Se garder intact malgré Les guerres et la misère Malgré les dangers de mort C'est la douce loi des hommes De changer l'eau en lumière Le rêve en réalité Et les ennemis en frères Une loi vieille et nouvelle Qui va se perfectionnant Du fond du coeur de l'enfant Jusqu'à la raison suprême.
© Gallimard
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