Georges L. GODEAU (1921)
- Venez, je vous emmène (1979)
Les gens
- Après tout (1991)
Sylvain, Sébastien
Dans la piscine
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Contemporains -
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Les gens
Ils sont assis sur leurs chaises, ils ont des jumelles puissantes
pour voir à travers les murs et ils te suivent, ils protestent, ils
disent que tu es Satan et que s'ils te prennent ils te pendent. Et
quand tu reviens, que tu entres en costume clair, ta mèche brune
comme un cow-boy, un artiste ou un chef d'État, ils se serrent, ils
se taisent et si tu t'étonnes, ils froufroutent, ils s'éloignent.
Ce sont des êtres inoffensifs qu'il convient sans plus de tenir en
respect et même, parfois, si le coeur t'en dit, quand la vie devient
généreuse, tu sais bien, mon frère, les soirs de fête, d'aimer malgré
eux, le temps de les susprendre.
Georges L. GODEAU
© Droits réservés
Sylvain, Sébastien
Ils ont dix, douze ans, ils habitent la ville. Depuis hier, ils
sont en vacances. En short, malgré les ronces, les guêpes, les vipères,
ils sautent les fourrés et avec leur lancer ils pêchent mieux que moi.
Sans épuisette, sans couteau, ils dégringolent les talus, empoignent
les brochets qu'ils lancent sur le pré et tuent avec un bâton. Ils
rentrent au village la bête à la ceinture. Avec mon harnachement, je
suis un fossile.
Georges L. GODEAU
© Le Dé Bleu
Dans la piscine
Elle vient tous les jours, elle fait vingt fois l'aller et retour
et s'asseoit au bout, le temps de retirer ses lunettes, s'essuyer
les yeux et montrer ses dents comme un cheval agacé. Puis d'un coup
de talon, elle repart sans dévier. Même les enfants se garent.
Georges L. GODEAU
© Le Dé Bleu
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