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Allons parmi les fleurs cueillir une guirlande, Afin d'en couronner la Reine des Beautés ; Soit Vénus, soit Phillis, à qui les Royautés Vont indifféremment présenter leur offrande. Les Graces, et l'Amour, seront de notre bande ; Les jeux, et les plaisirs suivront de tous côtés : La saison nous appelle à mille nouveautés ; Et la rosée est chute, et la moisson est grande. Mais j'aperçois l'Amour, qui nous a prévenus, Et qui cherche Phillis, qu'il préfère à Vénus. Amour, cruel Amour ! d'où vient que tu nous laisses ? J'oy dans ta bouche un nom qui fait que je pâlis. Prends ta route où les fleurs seront les plus épaisses ; C'est par là que sans doute aura passé Phillis.
Cette source de mort, cette homicide peste, Ce péché, dont l'enfer a le monde infecté, M'a laissé pour tout être, un bruit d'avoir été, Et je suis de moi-même une image funeste. L'Auteur de l'univers, le Monarque céleste S'était rendu visible en ma seule beauté ; Ce vieux titre d'honneur qu'autrefois j'ai porté, Et que je porte encore, est tout ce qui me reste. Mais c'est fait de ma gloire, et je ne suis plus rien, Qu'un fantôme qui court après l'ombre d'un bien, Ou qu'un corps animé du seul vers qui le ronge. Non, je ne suis plus rien, quand je veux m'éprouver, Qu'un esprit ténébreux, qui voit tout comme en songe, Et cherche incessamment ce qu'il ne peut trouver.
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