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Je maudis l'heure et le temps et le jour, La semaine, le lieu, le mois, l'année Et les deux yeux dont je vis la douceur De ma dame, qui ma joie a finée. Et si maudis mon coeur et ma pensée, Ma loyauté, mon désir et m'amour Et le danger qui fait languir en pleur Mon dolent coeur en étrange contrée. Et si maudis l'accueil, l'attrait, l'atour Et le regard dont l'amour engendrée Fut en mon coeur, qui le tient en ardeur, Et si maudis l'heure qu'elle fut née, Son faux-semblant, sa fausseté prouvée, Son grand orgueil, sa durté où tendreur N'a ni pitié, qui tient en tel langueur Mon dolent coeur en étrange contrée. Et si maudis Fortune et son faux tour, La planète, l'heur, la destinée Qui mon fol coeur mirent en telle erreur Qu'oncques de moi fut servie n'aimée. Mais je prie Dieu qu'il gard sa renommée Son bien, sa paix, et lui accroisse honneur, Et lui pardonn' ce qu'occit à douleur Mon dolent coeur en étrange contrée.
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