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VIRELAI Je chante par couverture, Mais mieux pleurassent mes oeils, Ni nul ne sait le travail Que mon pauvre coeur endure. Pour ce muce ma douleur, Qu'en nul je ne vois pitié. Plus a l'on cause de pleur, Moins trouve l'on d'amitié. Pour ce plainte ni murmure Ne fais de mon piteux deuil. Ainçois ris quand pleurer veuil, Et sans rime et sans mesure Je chante par couverture. Petit porte de valeur De soi montrer déhaitié, Ne le tiennent qu'à foleur Ceux qui ont le coeur haitié. Si n'ai de démontrer cure L'intention de mon veuil, Ains, tout ainsi comme je seuil, Pour celler ma peine obscure, Je chante par couverture.
BALLADE XI Seulette suis et seulette veux être, Seulette m'a mon doux ami laissée, Seulette suis, sans compagnon ni maître, Seulette suis, dolente et courroucée, Seulette suis en langueur mésaisée, Seulette suis plus que nulle égarée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis à huis ou à fenêtre, Seulette suis en un anglet muchée, Seulette suis pour moi de pleurs repaître, Seulette suis, dolente ou apaisée, Seulette suis, rien n'est qui tant me siée, Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis partout et en tout être, Seulette suis, où je vais où je siée, Seulette suis plus qu'autre rien terrestre, Seulette suis, de chacun délaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute épleurée, Seulette suis sans ami demeurée. Princes, or est ma douleur commencée : Seulette suis de tout deuil menacée, Seulette suis plus tainte que morée, Seulette suis sans ami demeurée.
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