Marcel THIRY (1897-1977)


Toi qui pâlis au nom de Vancouver (1924)

«Toi qui pâlis au nom de Vancouver...»
«Pour être encor sur ce transport...»
Plongeantes proues (1925)

«Nous irons...»
«Avoir connu San Francisco»

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Toi qui pâlis au nom de Vancouver
Tu n'as pourtant fait qu'un banal voyage ;
Tu n'as pas vu les grands perroquets verts,
Les fleuves indigo ni les sauvages.

Tu t'embarquais à bord de maints steamers
Dont par malheur pas un ne fit naufrage,
Sans grand éclat tu servis sous Stürmer,
Pour déserter tu fus toujours trop sage.

Mais il suffit à ton orgueil chagrin
D'avoir été ce soldat pérégrin
Sur le trottoir des villes inconnues,

Et, seul, un soir, dans un bar de Broadway,
D'avoir aimé les grâces Greenaway
D'une Allemande aux mains savamment nues.



Marcel THIRY

© SCAM




    Pour être encor sur ce transport
Qui ramenait aussi quelques femmes créoles,
    Sur ce transport ayant à bord
Ces femmes, ces soldats vaincus et la variole,

Pour voir passer encor au bras d'un aspirant
    Le flirt bronzé du capitaine
Qui portait avec art une robe safran
    Comme un drapeau de quarantaine,

    Pour souffrir encor du vaccin,
Du mal de mer et de l'altier dédain des femmes,
    Et pour rêver de jeunes seins
Dans l'entrepont plein du confus chaos des âmes,

Pour entendre chanter encor dans les agrès
    Les longs alizés nostalgiques,
Pour être encor ce vacciné du Pacifique
    Tu donnerais, tu donnerais...




Marcel THIRY

© SCAM




Nous irons nous aimer dans les grands cinémas.



Marcel THIRY



Avoir connu San Francisco,
Avoir connu comme Carco
Les nobles filles crapuleuses,

Avoir vu dans Pernambuco
Les grands catalpas tropicaux
Régner mauves sur les pelouses,

(Ou si n'avoir pas vu ceci
Avoir vu des choses aussi
Tropicales ou du moins presque,)

Et n'être plus que cet assis
À mettre en vers les vieux récits
Presque authentiques de ses frasques.



Marcel THIRY

© SCAM


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