Pourquoi désolé ? le ciel est clair et vide,
un pas léger dans ma poitrine me conduit ;
de mes mains mûrissent d’invisibles fruits vénéneux.
Je suis heureux du creux bonheur
dont on se barbouille comme d’une nourriture inespérée :
mangez, vos nuques baissées me déplaisent moins
que ces maquettes pour un monstre où la lumière est en péril.
Du torchon de vos figures nettoyez profond l’auge. Faîtes nette la place.
Ne laissez point fraternellement ma part, car en secret je conspire contre vous.
Pourquoi désolé ? Le printemps éclate déjà comme une étoffe de quatorze ans
livrant la chair qu’appelle le plaisir au velours de l’air qui souffle des lèvres d’avril.
Je suis loin déjà de ses rites premiers, mon sang est rentré dans des rives mesurées,
je vais, les péchés sont moins chauds d’être plus faciles, je vais,
l’ivresse n’est plus qu’en mes souvenirs, je l’appelle, elle fuit.
Pourquoi désolé ? J’ai bâti des villes illusoires, j’ai convoqué des fêtes.