Alain BorneLes plus douces lèvres du monde

 

   Dans la maison étrangère, il y avait d’abord un couloir noir, puis une salle grise pleine d’une odeur de fruits où l’on introduisait le soleil. Paraissait un vieillard à barbe noire, une vieille et une sorte d’enfant au visage resplendissant. Nous ne parvenions pas à découvrir une langue qui nous permette de nous comprendre. J’avais trois pas à faire pour trouver un langage, pour goûter les plus douces lèvres du monde. Mais la jeune fille semblait morte. Le museau d’un écureuil paraissait à son corsage, qui voyageait, las du sein droit vers la chaleur du sein gauche.