Gérald NeveuLettre de sincérité pour ne pas mourir

 

   Ne faites pas attention à ces façons de communiquer, à ces tristes joies des choses prises à tort pour signes. Il n’est pas d’au-delà ni d’en-deçà. Il y a la poésie pour moi. Il y a deux ailes dissymétriques qui grincent. Pourquoi dire la gauche seule est vraie puisque les deux sont vraies. Pourquoi ne voir en moi que le casse-pied qui parle langage et d’enfer imaginé, qui n’offre à contre-temps qu’un contre objet d’exil ? Il ne s’agit pas de poétiser la vie, mais de vivre la poésie. Je n’y renonce pas et pour cela je sacrifie l’une à l’autre comme le peintre assourdit l’une des deux couleurs opposées. Pourquoi dire : Gérald ? Ah ! Oui ! Celui qui est si mal habillé, et très distrait. Celui qui ne parle que de poésie et de peinture (si mal), au lieu de vivre. Celui qui est si vaniteux, si abject, celui qui est si bête qu’il ne sait pas s’envoyer une fille ou bien faire des ronds, « du flouze », quoi ! Celui qui travaille aux P.T.T. Mais pourquoi ? Puisque tout « ça » doit être assourdi jusqu’à la couleur éclatante. L’ennemie de « tout ça » doit un jour éclairer, donner vie, « toute vie » à « tout ça ». C’est un pari. Si je gagne... Si je gagnais... Si je perds...
   Et puis, ce n’est pas un pari. C’est ça et vous ne devez pas en rire, ni prendre mes mains sales pour des mains sales. Je suis seul et sans savon. Je n’ai pas peur.

 

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