Que ton visage est triste et ton front amaigri,
Sublime Michel-Ange, ô vieux tailleur de pierre !
Nulle larme jamais n’a mouillé ta paupière ;
Comme Dante, on dirait que tu n’as jamais ri.
Hélas ! d’un lait trop fort la Muse t’a nourri,
L’art fut ton seul amour et prit ta vie entière ;
Soixante ans tu courus une triple carrière
Sans reposer ton cœur sur un cœur attendri.
Pauvre Buonarotti ! ton seul bonheur au monde
Fut d’imprimer au marbre une grandeur profonde,
Et, puissant comme Dieu, d’effrayer comme Lui :
Aussi, quand tu parvins à ta saison dernière,
Vieux lion fatigué, sous ta blanche crinière,
Tu mourus longuement plein de gloire et d’ennui.