Jean FollainQuincaillerie

 
   

Dans une quincaillerie de détail en province
des hommes vont choisir
des vis et des écrous
et leurs cheveux sont gris et leurs cheveux sont roux
ou roidis ou rebelles.
La large boutique s’emplit d’un air bleuté ;
dans son odeur de fer
de jeunes femmes laissent fuir
leur parfum corporel.
Il suffit de toucher verrous et croix de grilles
qu’on vend là virginales
pour sentir le poids du monde inéluctable.
 
Ainsi la quincaillerie vogue vers l’éternel
et vend à satiété
les grands clous qui fulgurent.

 

© Gallimard