Sylvain GarneauLa Bonne Entente

 
   

Il fait un temps si triste,
Il fait un temps si gris,
Que Jean, le pauvre artiste,
Et Pierre, qui écrit,
Que Françoise qui chante
Et Jacques, le doreur,
Et Paule, son amante,
Et Paul, peintre d’horreur,
Sont partis sur la route,
Sans parler, sans chanter,
Et sans casser la croûte,
Et sans se consulter.
 
Ami, si tu rencontres,
Au hasard du chemin,
Ces visages qui montrent
La peur du lendemain,
Ami, si tu les croises,
Pierre et son ami Jean,
Jacques, Jeanne ou Françoise,
Ce sont de braves gens,
Fais-leur un doux sourire.
Ami, si tu les vois,
Dis-leur : je vous admire
Et je suis triste, moi...
 
Il fait un temps si triste,
Il fait un temps si gris,
Que Luc, le guitariste,
Et Lou, qui le nourrit,
Et Louis « la bonne entente »
Et Lucien « le menteur »
Et Lise que tourmente
Augustin, le relieur,
Sont partis sur la route,
Sans parler, sans chanter,
Et sans casser la croûte,
Et sans se consulter.
 
Ami, si tu t’ennuies,
Va-t’en sur les chemins.
Si tu aimes la pluie,
N’attends pas à demain.
Ces gens qui se promènent,
Tu les connais, pourtant.
Ne leur fais pas de peine
Et tu seras content.
Si le soleil se lève,
Ils feront des chansons
Qu’ils iront dans tes rêves
Chanter à l’unisson.