Robert Marteau 

 
   

Entre Nangis et Provins
Les bûcherons en maillot
Font fumer le bois vert.
La plaine rapiécée
Escalade les collines.
Le ciel est de cendre bleue.
 
À Lusigny les pommes sont mûres.
Sous les peupliers et le gui,
Il y a des chevaux au champ.
Un troupeau paît
Parmi les taupinières.
Un clocheton d’ardoise
Dépasse les conifères.
 
La route s’insinue
Au pied de Chaumont.
Il pleut menu.
Un homme va
Avec son parapluie.
 
Ce menu papillon,
Qui est blanc
Crayonné de noir,
Passe l’eau
Sans écluse
Ni pont.
 
Frênes qui froissez le ciel,
On voit vers quels chiffons le noyau vous pulse,
Ayant nourri dans la terre la tigelle
Et tiré de l’ombre le lait.
 
Corneilles à cloche-pied.
L’érable lève son offrande.
À l’aplomb du chêne
Un corbeau désigne le zénith.
 
Les geais cassent le bois menu,
Mettent tout pêle-mêle,
Parfois d’une plume
Signent le chantier.
 
La tourterelle
Qui s’abreuvait au frisson de l’eau
À mon pas s’effraie,
Bat des ailes, franchit le chemin,
Efface sous les feuilles
Ses reflets.
 
Sur un seul fil
Toutes les tourterelles
Comparent les gouttes de pluie.
Elles calculent de mémoire
L’inclinaison de la planète,
Supputent l’heure
Favorable à l’envol.
 
Inlassablement, sans feindre aucun fil,
Sans enfreindre aucune loi,
La pluie fil-à-fil et sans fin
Pique, recoud le tissu qu’elle tisse.

Jeudi 1er, vendredi 2 octobre