NorgeLe Pendu

 
   

Non, Louise, non, Louise
N’aimera jamais Louis,
Bien que Louise ne dise
       Non ni oui.
 
Louise, la fine mouche
Aime ailleurs de tout son cœur.
C’est ça, Louis, ta Minouche
       Couche ailleurs.
 
Tisse des rayons de lune,
Forge tes pleurs en joyaux.
Louis, tu fais tes solos
       Pour des prunes.
 
Pas la peine, mandoline,
De trembler tes plus doux airs ;
Autant planter de la vigne
       Au désert.
 
T’as beau lancer, t’as beau faire
Du sang de tes quatre veines,
Du feu de tes quatre fers,
       Pas la peine.
 
Elle couche avec Fabrice
Et cajole un peu partout,
Mais avec toi, mon jocrisse,
       Pas du tout.
 
Voici du cordeau de lin.
Vite un clou dans ta guérite :
Pends-toi, Louis, ton chagrin
       Fuira vite.
 
Tu n’eus, tu n’auras sa hanche
Et son giron ni dimanche,
Ni jamais, ni juin, ni mai,
       Ni jamais.
 
Un crampon dans le sapin,
Le nœud est déjà tout lisse,
Louis, ton chagrin s’y glisse,
       Pends-le bien.

 

© Seghers