(Anonyme) 

 
   

— Gentils galants de France,
Qui en la guerre allez,
Je vous prie qu’il vous plaise
Mon ami saluer.
 
— Comment le saluerais
Quand point ne le connais ?
— Il est bon à connaître,
Il est de blanc armé ;
 
Il porte la croix blanche,
Les éperons dorés,
Et au bout de sa lance
Un fer d’argent doré.
 
— Ne pleurez plus, la belle,
Car il est trépassé :
Il est mort en Bretagne,
Les Bretons l’ont tué.
 
J’ai vu faire sa fosse
L’orée d’un vert pré,
Et vu chanter sa messe
À quatre cordeliers.

 

   

« Gentilz gallans de France,
Qui en la guerre allez,
Je vous prie qu’il vous plaise
Mon amy saluer.
 
— Comment le saluroye
Quant point ne le congnois?
— Il est bon a congnoistre,
Il est de blanc armé;
 
Il porte la croix blanche,
Les esperons dorez,
Et au bout de sa lance
Ung fer d’argent doré.
 
— Ne plorez plus, la belle,
Car il est trespassé:
Il est mort en Bretaigne,
Les Bretons l’ont tué.
 
J’ay veu faire sa fousse
L’orée d’ung vert pré,
Et veu chanter sa messe
A quatre cordelliers.