Juke-Box à Poésie › Antonin Artaud

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Aliénation et Magie noire
Les asiles d'aliénés sont des réceptacles de magie noire
   conscients et prémédités,

et ce n'est pas seulement que les médecins favorisent la
   magie par leurs thérapeutiques intempestives et hybrides,
c'est qu'ils en font.

S'il n'y avait pas eu de médecins
il n'y aurait jamais eu de malades,
pas de squelettes de morts
malades à charcuter et dépiauter,
car c'est par les médecins et non [...]
Je ne délire pas...
8° - L'homme, quand on ne le tient pas, est un animal 
    érotique, 
il a en lui un tremblement inspiré, 
une espèce de pulsation 
productrice de bêtes sans nombre qui sont la forme que 
   les anciens peuples terrestres attribuaient 
   universellement à dieu. 
Cela faisait ce qu'on appelle un esprit. 
Or, cet esprit venu des Indiens d'Amérique ressort un peu 
   partout aujourd'hui sous [...]
Les Malades et les Médecins
La maladie est un état.
La santé n’en est qu’un autre,
plus moche.
Je veux dire plus lâche et plus mesquin.
Pas de malade qui n’ait grandi.
Pas de bien portant qui n’ait un jour trahi, pour n’avoir
   pas voulu être malade, comme tels médecins que
   j’ai subis.
 
J’ai été malade toute ma vie et je ne demande qu’à 
   continuer. Car les états de privation de la vie m’ont 
   toujours [...]
Les nouvelles révélations de l'être
Je dis ce que j'ai vu et ce que je crois ; et qui dira que je n'ai
   pas vu ce que j'ai vu, je lui déchire maintenant la tête.
Car je suis une irrémissible Brute, et il en sera ainsi jusqu'à
   ce que le Temps ne soit plus le Temps.
Ni le Ciel ni l'Enfer, s'ils existent, ne peuvent rien contre cette
   brutalité qu'ils m'ont imposée, peut-être pour que je les
   serve… Qui sait ?
En tout [...]
Prière
Ah donne-nous des crânes de braises
Des crânes brûlés aux foudres du ciel
Des crânes lucides, des crânes réels
Et traversés de ta présence

Fais-nous naître aux cieux du dedans
Criblés de gouffres en averses
Et qu’un vertige nous traverse
Avec un ongle incandescent

Rassasie-nous nous avons faim
De commotions inter-sidérales
Ah verse-nous des laves astrales
À la place de notre sang

Détache-nous. Divise-nous
Avec tes mains de braises coupantes
Ouvre-nous ces routes brûlantes
Où l’on meurt plus loin que la mort

Fais vaciller notre cerveau
Au sein de sa propre science
Et ravis-nous l’intelligence
Aux griffes d’un typhon nouveau
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