Aubigné 

 
   

Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change,
Le lait en basané auprès de ce beau teint,
Du cygne la blancheur auprès de vous s’éteint,
Et celle du papier où est votre louange.
 
Le sucre est blanc, et lorsqu’en la bouche on le range
Le goût plaît, comme fait le lustre qui le peint.
Plus blanc est l’arsenic, mais c’est un lustre feint,
Car c’est mort, c’est poison à celui qui le mange.
 
Votre blanc en plaisir teint ma rouge douleur,
Soyez douce du goût, comme belle en couleur,
Que mon espoir ne soit démenti par l’épreuve,
 
Votre blanc ne soit point d’aconite noirci,
Car ce sera ma mort, belle, si je vous treuve
Aussi blanche que neige, et froide tout ainsi.

 

   

Auprès de ce beau teinct, le lys en noir se change,
   Le laict en bazané auprès de ce beau teinct,
   Du signe la blancheur auprès de vous s’esteinct,
   Et celle du papier où est vostre louange.
Le succre est blanc, et lorsqu’en la bouche on le range
   Le goust plaist, comme fait le lustre qui le peinct.
   Plus blanc est l’arsenic, mais c’est un lustre feinct,
   Car c’est mort, c’est poison à celuy qui le mange.
Vostre blanc en plaisir taint ma rouge douleur,
   Soyez douce du goust, comme belle en couleur,
   Que mon espoir ne soit desmenty par l’espreuve,
Vostre blanc ne soit point d’aconite noircy,
   Car ce sera ma mort, belle, si je vous treuve
   Aussi blanche que neige, et froide tout ainsi.