Aubigné 

 
   

Combattu des vents et des flots,
Voyant tous les jours ma mort prête,
Et abayé d’une tempête
D’ennemis, d’aguets, de complots,
 
Me réveillant à tous propos,
Mes pistoles dessous ma tête,
L’amour me fait faire le poète,
Et les vers cherchent le repos.
 
Pardonne-moi, chère maîtresse,
Si mes vers sentent la détresse,
Le soldat, la peine et l’émoi :
 
Car depuis qu’en aimant je souffre,
Il faut qu’ils sentent comme moi
La poudre, la mèche et le soufre.

 

   

Combattu des vents et des flots,
   Voyant tous les jours ma mort preste
   Et abayé d’une tempeste
   D’ennemis, d’aguetz, de complotz,
Me resveillant à tous propos,
   Mes pistolles dessoubz ma teste,
   L’amour me fait faire le poete,
   Et les vers cerchent le repos.
Pardonne moy, chere maitresse,
   Si mes vers sentent la destresse,
   Le soldat, la peine et l’esmoy :
Car depuis qu’en aimant je souffre,
   Il faut qu’ils sentent comme moy
   La poudre, la mesche et le souffre.