Daniel Biga 

 

   anarchiste dérisoire sans doute irrécupérable bi-sexuel non déclaré je vis dans une mansarde sans eau ni gazon dans mes rêves je pète dans les bureaux des V.I.P. des bombes qui n’explosent jamais Je vis de peu caché et pas content inquiet de comment sera ma mort et ma vie d’ici-là 

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   seul et nu tout visqueux de mon sperme et de mon dégueulis je rampe en geignant dans le couloir je descends tête la première à quatre pattes sur les coudes les genoux ensanglantés hurlant en silence je descends les cinq étages avec des souffrances énormes Je passe sur le ventre devant le concierge un peu étonné... Me voilà dans la rue les gens s’écartent mais font semblant de rien Discrets Ne s’occupant pas de moi je glisse m’effondre culbute du trottoir (oui comme si on m’avait longuement tabassé) mon corps se cale entre la bordure du trottoir et les pneus d’une Simca 1000 en stationnement Ça pue dans ce trou les chiens m’urinent dessus les chiens font leurs besoins sur moi et leurs mémères qui ne veulent pas m’apercevoir n’osent pas les déranger... Une petite fille ne connaissant pas encore les conventions réciproques me regarde fixement Je la regarde aussi lentement à travers mon brouillard et d’un dernier sursaut (rassemblant toutes mes forces) je recommence à me masturber... Sa mère sort du Bon Lait la prend par la main rentre avec elle dans la boutique en lui soufflant de laisser tranquille ce malheureux
   et je reste seul