Dans la crasse de mon plancher j’écris ton nom
dans l’eau de vaisselle bien huilée j’écris ton
non dans les rides des mains crevassées j’écris
leur non dans l’amour les jours sans fin ressassés
j’écris mon plomb dans la figure de mes go-
dasses abandonnées par mes pauvres pieds je vois
mon nom dans la lenteur et la facilité
des compléments déterminatifs et des fausses
déterminations j’écris ton nom au fronton
des bureaux de police de la république
gaulliste je lis ton nom dans le front crevé
de ta statue en Amérique on voit pointer
tous tes canons dans mon slip envahi par des
mains hystériques et ron et ron petit pata-
pon dans cet alexandrin dans ce bic sur ces
lignes et par la grâce horrible du langage hu-
main par le lever sempiternel du soleil
et du pain par la pâleur du bonheur par la
chaleur du malheur la laideur de ces visages
attristés j’ouvre aux vents du matin l’épouvante
de ce refrain répété dans tous les lycées
les internats jésuites et les casernes et les
affiches... dans les battements de mon cœur la douleur
de mes reins l’oppression de mes boyaux la fa-
tigue de mon cerveau et dans la solitude
de ton corps du leur et du mien — j’écris ton nom