À travers vents et à travers la pluie qui nous fouette
quand le soleil nous incendie et fait suer nos bras
quand il nous faut gravir et arracher pas après pas
l’hostilité du paysage et des gens et des bêtes
bousculés malmenés comme les chiens comme les porcs
et décidés à n’accepter absolument aucune
espèce d’endormissement vulgaire ou de tribune
à déformer nos mots et la clarté de notre effort
déterminés comme un orage ou bien la rage énorme
des ouvriers de la misère avec leur poing tendu
pour écraser la charité de leurs patrons pansus
gonflés contre ce flot grossier que la passion déforme
nous marchons nous marchons entre les griffes et les crachats
nous ne prenons pas la peine d’essuyer nos visages
nous marchons sans la femme ni le fruit de nos outrages
portés contre elle nous marchons et ne faiblirons pas