William Cliffle grand chien noir

 
   

souvent je vois errer à travers la campagne
fendant les champs les prés de son libre parcours
un grand chien noir ondulant qui ne s’accompagne
d’aucun frère de race d’aucun maître il court
attiré par les volontés de son instinct
il passe les barbelés sans que soit atteint
son poil folâtre il ne se gêne pour personne
entre dans les cours et urine ses odeurs
puis disparaît sans qu’on sache où il abandonne
son corps au sommeil avant de s’enfuir ailleurs
 
autrefois j’ai rêvé que je vivrais ainsi
libre de courir où ma fantaisie m’appelle
et la suivant nuit et jour et sans savoir si
le lendemain je trouverais dans mon écuelle
un peu mieux que du vent pour me remplir le ventre
le grand voyage libre il suffit de l’attendre
chaque jour chaque nuit plus notre temps s’avance
plus aussi se rapproche l’heure du départ
chaque aube chaque soir au rythme des balances
nous apprend à mieux recevoir le grand chien noir

 

© Gallimard