Maurice Scève 

 
   

L’ardent désir du haut bien désiré,
Qui aspirait à celle fin heureuse,
A de l’ardeur si grand feu attiré,
Que le corps vif est jà poussière Ombreuse :
Et de ma vie, en ce point malheureuse
Pour vouloir toute à son bien condescendre,
Et de mon être, ainsi réduit en cendre
Ne m’est resté, que ces deux signes-ci :
  L’œil larmoyant pour piteuse te rendre,
La bouche ouverte à demander merci.

 

   

L’ardent desir du hault bien desiré,
Qui aspiroit à celle fin heureuse,
A de l’ardeur si grand feu attiré,
Que le corps vif est jà poulsiere Umbreuse :
Et de ma vie, en ce poinct malheureuse
Pour vouloir toute à son bien condescendre,
Et de mon estre, ainsi reduit en cendre
Ne m’est resté, que ces deux signes cy :
  L’œil larmoyant pour piteuse te rendre,
La bouche ouverte à demander mercy.