Maurice Scève 

 
   

Le jour passé de ta douce présence
Fut un serein en hiver ténébreux,
Qui fait prouver la nuit de ton absence
À l’œil de l’âme être un temps plus ombreux,
Que n’est au Corps ce mien vivre encombreux,
Qui maintenant me fait de soi refus.
  Car dès le point, que partie tu fus,
Comme le Lièvre accroupi en son gîte,
Je tends l’oreille, oyant un bruit confus,
Tout éperdu aux ténèbres d’Égypte.

 

   

Le jour passé de ta doulce presence
Fust un serain en hyver tenebreux,
Qui faict prouver la nuict de ton absence
A l’œil de l’ame estre un temps plus umbreux,
Que n’est au Corps ce mien vivre encombreux,
Qui maintenant me fait de soy refus.
  Car dès le poinct, que partie tu fus,
Comme le Lievre accroppy en son giste,
Je tendz l’oreille, oyant un bruyt confus,
Tout esperdu aux tenebres d’Egypte.