Maurice Scève 

 
   

Tu es, Miroir, au clou toujours pendant,
Pour son image en ton jour recevoir :
Et mon cœur est auprès d’elle attendant,
Qu’elle le veuille au moins, apercevoir.
  Elle souvent — ô heureux ! — te vient voir,
Te découvrant secrète, et digne chose,
Où regarder ne le daigne, et si ose
Ouïr ses pleurs, ses plaints, et leur séquelle.
Mais toute dame en toi peut être enclose,
Où dedans lui autre entrer n’y peut, qu’elle.

 

   

Tu es, Miroir, au cloud tousjours pendant,
Pour son image en ton jour recevoir :
Et mon cœur est auprès d’elle attendant,
Qu’elle le vueille au moins, appercevoir.
  Elle souvent — ô heureux ! — te vient veoir,
Te descouvrant secrette, et digne chose,
Où regarder ne le daigne, et si ose
Ouir ses pleurs, ses plainctz, et leur sequelle.
Mais toute dame en toy peut estre enclose,
Où dedans luy aultre entrer n’y peult, qu’elle.