Philippe Desportes 

 
   

Vous n’aimez rien que vous, de vous-même maîtresse,
Toute perfection en vous seule admirant,
En vous votre désir commence et va mourant,
Et l’amour seulement par vous-même vous blesse.
 
Franche et libre de soin, votre belle jeunesse
D’un œil cruel et beau mainte flamme tirant,
Brûle cent mille esprits qui, votre aide implorant,
N’éprouvent que fierté, mépris, haine et rudesse.
 
De n’aimer que vous-même est en votre pouvoir,
Mais il n’est pas en vous de m’empêcher d’avoir
Votre image en l’esprit, l’aimer d’amour extrême ;
 
Or l’Amour me rend vôtre, et si vous ne m’aimez,
Puisque je suis à vous, à tort vous présumez,
Orgueilleuse beauté, de vous aimer vous-même.

 

   

Vous n’aimez rien que vous, de vous-mesme maistresse,
Toute perfection en vous seule admirant,
En vous vostre desir commence et va mourant,
Et l’amour seulement par vous mesme vous blesse.
   Franche et libre de soing, vostre belle jeunesse,
D’un œil cruel et beau mainte flamme tirant,
Brûle cent mille esprits qui, vostre aide implorant,
N’esprouvent que fierté, mespris, haine et rudesse.
   De n’aimer que vous mesme est en vostre pouvoir ;
Mais il n’est pas en vous de m’empescher d’avoir
Vostre image en l’esprit, l’aimer d’amour extrême.
  Or l’Amour me rend vostre, et si vous ne m’aimez,
Puisque je suis à vous, à tort vous presumez,
Orgueilleuse beauté, de vous aimer vous mesme.