Plus ne suis ce que j’ay esté,
Et ne le saurois jamais estre ;
Mon beau printemps et mon esté
Ont faict le saut par la fenestre.
Amour, tu as esté mon maistre :
Je t’ay servy sur tous les dieux.
Ô si je povois deux fois naistre,
Comme je te servirois mieulx !
*
Réponse au précédent
Ne menez plus tel desconfort,
Jeunes ans sont petites pertes :
Votre aage est plus meur et plus fort
Que ces jeunesses mal expertes.
Boutons serrez, roses ouvertes,
Se passent trop légèrement ;
Mais du rosier les fueilles vertes
Durent beaucoup plus longuement.
*
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Pourquoy voulez-vous tant durer,
Ou renaistre en fleurissant aage ?
Pour aymer et pour endurer !
Y trouvez-vous tant d’avantage ?
Certes, celuy n’est pas bien sage
Qui quiert deux fois estre frappé,
Et veult repasser un passage
Dont il est à peine eschappé.