Jean SénacHuitième lettre à Antoine

 
   

Viens, puisque tu n’es plus qu’une anarchie de couleurs
Indistinctes,
Un fracas de syllabes,
Un circuit délabré entre la syncope et l’oracle.
Viens, puisque tout désir est cendre sous les cendres,
Et nos rêves
Barbelés dans les ronces.
 
Viens,
Un désordre baroque a déjà livré notre lit aux brocanteurs.
 
Pour notre voyage il ne reste
Qu’une planche de bois blanc
Et un galet.
 
Viens.
J’ai rejoint les barbares.
Nous t’attendons.

20 novembre 1966