Charles TrenetCoin de rue

 
   

    Je me souviens d’un coin de rue
    Aujourd’hui disparu
    Mon enfance jouait par là
    Je me souviens de cela
    Il y avait une palissade
    Un taillis d’embuscades
    Les voyous de mon quartier
    Venaient s’y batailler
 
À présent, il y a un café,
Un comptoir tout neuf qui fait de l’effet
Une fleuriste qui vend ses fleurs aux amants
Et même aux enterrements
 
    Je revois mon coin de rue
    Aujourd’hui disparu
    Je me souviens d’un triste soir
    Où le cœur sans espoir
    Je pleurais en attendant
    Un amour de quinze ans
    Un amour qui fut perdu
    Juste à ce coin de rue
 
Et depuis j’ai beaucoup voyagé
Trop souvent en pays étrangers
Mondes neufs constructions et démolitions
Vous me donnez des visions
 
    Je crois voir mon coin de rue
    Et soudain apparus
    Je revois ma palissade
    Mes copains mes glissades
    Mes deux sous de muguet de printemps
    Mes quinze ans... mes vingt ans
    Tout ce qui fut et qui n’est plus
    Tout mon vieux coin de rue.