VerhaerenLondres

 
   

Et ce Londres de fonte et de bronze, mon âme,
Où des plaques de fer claquent sous des hangars,
      Où des voiles s’en vont, sans Notre-Dame
Pour étoile, s’en vont, là-bas, vers les hasards.
 
Gares de suie et de fumée, où du gaz pleure
De sinistres lueurs au long de murs en fer,
      Ou des bêtes d’ennui bâillent à l’heure
Dolente immensément, qui tinte à Westminster.
 
Et debout sur les quais ces lanternes fatales,
Parques dont les fuseaux plongent aux profondeurs ;
      Et ces marins noyés, sous les pétales
Des fleurs de boue où la flamme met des lueurs.
 
Et ces marches et ces gestes de femmes soûles ;
Et ces alcools de lettres d’or jusques aux toits ;
      Et tout à coup la mort, parmi ces foules ;
Ô mon âme du soir, ce Londres noir qui traîne en toi !