Christofle de Beaujeu 

 
   

Belle qui d’un regard, en traversant la rue,
M’as fait suivre une lieue après toi, forcené,
Hélas ! ma chère Amour, quel coup tu m’as donné !
Y a-t-il de tels dards en cette belle vue ?
 
Je ne t’ai, mes amours, qu’une fois seule vue,
Je ne sais qui tu es, dont je suis étonné.
Qu’allais-je faire là, quand je suis retourné
Où à mon grand malheur nous t’avons aperçue ?
 
Encore qui pis est, je n’ai plus d’espérance
De savoir qui tu es, y a-t-il quelque apparence
Qu’à Paris l’on te puisse en cherchant retrouver ?
 
C’est un monde confus, de filles et de femmes,
C’est où Amour retire et Princesses et Dames.
Si me faut-il mourir, ou bien te retrouver !

 

   

Belle qui d’un regard, en traversant la rue,
M’as fait suivre une lieue apres toy, forcené,
Helas ! ma chere Amour, quel coup tu m’as donné !
Y a-il de tels dards en ceste belle veue ?
 
Je ne t’ay, mes amours, qu’une fois seule veue,
Je ne sçay qui tu es, dont je suis estonné.
Qu’alloy-je faire là, quand je suis retourné
Ou a mon grand mal-heur nous t’avons apperceue ?
 
Encores qui pis est, je n’ay plus d’esperance
De sçavoir qui tu es, y a-il quelque apparance
Qu’a Paris l’on te puisse en cherchant retrouver ?
 
C’est un monde confus, de filles et de fames,
C’est ou Amour retire et Princesses et Dames.
Si me faut-il mourir, ou bien te retrouver !