Jacques BraultLe chemin

 
   

Le chemin     le chemin noir
le chemin dur à parcourir
et droit comme un glaçon de gouttière
chemin perdu     trouvé     reperdu
et qui vous tient à l’écart du ciel
chemin de cendres et silences
écoutant sous le friable de neige
les yeux qui s’ouvrent des morts
en forme de plain-chant
 
et seul devant ces regards qu’assène l’obscur
avec au-dessus de moi ce chemin
en craquements de vieille terre
seul avec l’effroi aux ailes effrangées
 
je pense à toi par ce chemin d’haleine basse
je sais qu’il n’y a plus de royaumes
entre ces murs maigres j’entends
le bruit du temps qui se ferme
le chemin s’effondre sous les pas
 
et je sens sur mon épaule un vent de nuit
mes mains renversées ne versent que vide
le chemin noir       encore plus noir le chemin
 
le chemin      sans fin      bordé de noir
les larmes se figent sur mes joues
 
chemin où je suis de glace
et vieux
                  très vieux
                                        tout à coup