René CharExcursion au village

 

   Orion s’éprend
   de la Polaire
 

   Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin. 

   Il faut cesser de parler aux décombres. 

   Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui. Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur. 

   La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson. 

   Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour. 

   Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir. 

   Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ? 

   ... Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.

 

© Gallimard